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Des chercheurs de l’Université de Californie de San Francisco (UCSF), en publiant un article dans Nature, ont lancé une bombe en affirmant que le sucre et particulièrement le fructose posent des risques de santé publique suffisamment important pour qu’il soit considéré comme une substance à contrôler de la même manière que l’alcool et le tabac, rien de moins!
L’article en question intitulé « La vérité toxique à propos du sucre » (« Public health: The toxic truth about sugar« ) a donc été publié début février dans la revue Nature , ses auteurs Robert Lustig, Laura Schmidt et Brindis Claire affirment qu’il est nécessaire de reconsidérer notre vision du sucre. Ils écrivent: « Un nombre croissant de preuves scientifiques montrant que le fructose peut déclencher des processus qui conduisent à la toxicité hépatique et une foule d’autres maladies chroniques. Un peu de sucre n’est pas un problème, mais trop tue; lentement «
De nombreuses personnes ressentent le besoin de sucre, il est par exemple très français de finir ses repas sur une touche sucrée, ce type de besoin pourrait être comparé à ce que ressentent les personnes pour l’alcool ou pour le tabac. Mais envisager une réglementation aux US est un pas qui semble difficile tant la consommation est importante dans ce pays: l’adulte moyen américain consomme 22 cuillères à café de sucre par jour, selon l’American Heart Association, et des enquêtes ont montré que les adolescents avalent 34 cuillères à café!
Pour contrer cette consommation, les auteurs préconisent de taxer les aliments sucrés et de contrôler les ventes pour les enfants de moins de 17 ans. Actuellement 17% des enfants et des adolescents américains sont obèses, et à travers le monde la consommation de sucre a triplé au cours des 50 dernières années. L’augmentation a contribué à créer une pandémie mondiale d’obésité qui provoque 35 millions de décès par an dans le monde entier à travers de différents maladies, notamment le diabète, les maladies cardiaques et le cancer.
Robert Lustig, professeur de pédiatrie et directeur du programme de l’évolution du poids pour la santé des adolescents et des enfants (WATCH) à l’UCSF, déclare qu’il y a de bonnes calories et de mauvaises calories, tout comme il existe de bonnes graisses et les mauvaises graisses . Mais il ajoute que le sucre est toxique au-delà de ses calories. Bien sûr, l’industrie alimentaire tente de laisser entendre qu’une calorie est une calorie, même si de nombreuses recherches suggèrent qu’il ya quelque chose de plus avec le sucre.
Le rapport de l’UCSF souligne les effets métaboliques du sucre. Ainsi l’excès de sucre peut altérer le métabolisme, augmenter la pression artérielle, diminuer la signalisation hormonale et endommager le foie, des résultats semblables à ce qui peut arriver à une personne qui boit trop d’alcool. Laura Schmidt va encore plus loin en faisant un lien direct entre sucre et alcool en disant que de toute façon l’alcool n’est que le produit de la distillation du sucre!
Les chercheurs se sont aussi intéressés à l’effet du sucre sur le cerveau, mais également la perception du sucre présent dans les boissons par le corps. La recherche démontre que le sucre active les mêmes voies de récompenses du cerveau que la morphine ou l’héroïne. Bien sûr personne ne prétend que l’effet du sucre est aussi puissant, mais il permet de confirmer ce que les gens déclarent quand ils implorent d’avoir du sucre ou développent des symptômes de sevrage quand ils arrêtent d’en manger. De plus, quand les calories viennent des boissons, le corps ne les ressent pas. Les consommateurs n’ont jamais reçu autant de calories par les boissons sucrées qu’aujourd’hui. Du coup, on peut faire le lien avec la nouvelle taxe en France sur la consommation de boissons sucrée, une telle taxe existe également en Grèce et au Danemark, même si une étude faite en 2010 (2) démontre l’inefficacité des taxes pour la réduction de la consommation de sucre et le bien des gens.
Les auteurs mettent en avant l’aspect culturel de la consommation de sucre, en donnant l’exemple de la récompense que l’on donne à un enfant pour une raison ou une autre et qui prend souvent la forme d’un bonbon ou de quelque chose de manufacturé et de sucré, et pas une pomme ou des légumes… Cet aspect de notre consommation augmente la difficulté des changements à envisager. Il est donc nécessaire d’informer au mieux sur les dangers du sucre en utilisant par exemple les modèles donnés par les campagnes faites contre l’alcool et le tabac. Une idée simple consiste aussi à limiter la présence de produits sucrés dans les distributeurs présents sur les différents lieux de vie comme le travail ou l’école et en stimulant la consommation des aliments peu sucrés par le prix et leur accessibilité.
Références.
1/ Public health: The toxic truth about sugar
Robert H. Lustig, Laura A. Schmidt & Claire D. Brindis
Nature 482, 27–29 (02 February 2012) doi:10.1038/482027a Published online 01 February 2012
2/ Impact of Targeted Beverage Taxes on Higher- and Lower-Income Households
Eric A. Finkelstein, PhD, MHA; Chen Zhen, PhD; James Nonnemaker, PhD; Jessica E. Todd, PhD